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Le yoga au musée
Soumis par sprioul le 13/04/2022
Auteur:
PRIOUL Sylvie Par Sylvie Prioul, professeure IFY
Notre discipline s’expose au Musée national des Arts asiatiques-Guimet jusqu’au 2 mai sous l’intitulé : « Yoga, ascètes, yogis, soufis » Dans la pénombre de la rotonde du musée, statues et miniatures nous font pénétrer dans l’univers des ascètes indiens.
Une des pièces les plus intéressantes est un grand panneau peint, datant du premier quart du XVIIe siècle, découvert par Ysé Tardan-Masquelier : y sont représentés des « Ascètes et yogis se livrant à à divers exercices de yoga » de façon particulièrement vivante et détaillée ; l’ensemble forme une sorte de catalogue de postures. L’arrivée de ce panneau dans les collections du cabinet de curiosités de la bibliothèque Sainte-Geneviève prouve l’intérêt porté par les Occidentaux à ces pratiques corporelles venues de l’Inde.
Enfin, l’exposition permet d’aborder un aspect moins connu du yoga, qui est son lien avec le monde musulman. Dès le Xe siècle, le Yoga-sûtra de Patañjali est traduit en arabe par al-Biruni et, vers la fin du XVIe siècle, en persan, ce qui témoigne d’un fort intérêt pour la philosophie et les techniques yogiques.
C’est dans les années 1550 qu’un éminent cheik soufi proche de la cour moghole – les Moghols règnent alors sur le nord de l’Inde – entreprend la compilation d’un traité sur le yoga en se fondant sur une traduction arabe d’un texte sanskrit aujourd’hui perdu : l’Amrtakunda. Sous le titre « L’Océan de vie », ce texte est accompagné de gouaches aux couleurs délicates réalisées par les peintres moghols. Dans le quatrième chapitre, le maitre soufi a choisi, décrit en détail et commenté vingt et un asanas. Dans l'illustration de gauche, un yogi pratique la rétention du souffle (kumbhaka) à la lisière de la forêt.
Ce sont les plus anciennes représentations picturales aujourd’hui connues de postures de yoga et ce sont ces dessins, de petite dimension, fragiles, que l’on peut admirer au Musée Guimet.